“Borgne” en direct : jusqu’où ira la cruauté sur nos plateaux TV ?

En direct sur M6, la journaliste Céline Collonge a été insultée de “borgne”. Une séquence choquante, révélatrice d’un malaise plus profond dans les médias.
Note personnelle : Au départ, je n’avais pas décider de publier, ni même de rédiger cet article, mais j’ai voulu montrer mon soutien quand de grands médias le font à l’instar de Melty qui ont sorti un article sur cela.

“Borgne” en direct : jusqu’où ira la cruauté sur nos plateaux TV ?

Une insulte en direct, une journaliste qui encaisse. Silence gênant. Malaise total.

Sur M6, dans l’émission 66 Minutes, Céline Collonge subit une humiliation rare. En plein reportage sur les punaises de lit, un homme la regarde et lâche, froidement : “Elle est borgne.” La journaliste encaisse. Elle sourit. Elle continue. Mais ses yeux trahissent l’émotion. Elle retient ses larmes. Le malaise, lui, est capté par la caméra. Et diffusé. Sans filtre.

C’est violent. C’est cru. Et c’est réel.

Une séquence qui dit beaucoup trop

Cette scène n’a rien d’anodin. Elle a été vue, partagée, commentée. Et pour cause : Céline Collonge n’est pas une actrice. Elle n’est pas là pour jouer un rôle. Elle est là pour informer. Elle bosse. Et pendant ce temps, un inconnu croit bon de lui balancer une insulte aussi crasse que gratuite.

M6 a choisi de diffuser la scène. Sans floutage, sans coupe. Brut. Comme si cette humiliation faisait partie du spectacle. Comme si c’était “de la vraie vie”. Et c’est là que ça dérange. Profondément.

Céline Collonge : le courage tranquille

La journaliste n’a pas réagi sur le coup. Professionnelle jusqu’au bout, elle poursuit son reportage. Mais une fois de retour sur le plateau, l’émotion prend le dessus. Sa voix tremble. Elle dit qu’elle n’a “pas l’habitude” d’être insultée ainsi. Que ça fait mal. Qu’elle essaie de passer au-dessus.

Pas de grand discours. Pas de plainte. Juste une femme, touchée, qui essaie de rester digne.

Et c’est peut-être ça, le plus bouleversant.

Le public, lui, ne reste pas muet

Sur les réseaux, la séquence a fait l’effet d’un électrochoc. Twitter (X) s’enflamme. Les messages de soutien affluent. Des anonymes, des journalistes, des personnalités dénoncent le dérapage. Beaucoup saluent la dignité de Céline Collonge. D’autres s’en prennent à la production de M6 : “Pourquoi avoir gardé cette séquence ?”, “À quoi bon montrer ça ?”, “Où est le respect du personnel ?”

Car oui, il y a deux violences ici. Celle de l’insulte. Et celle de la rediffusion.

Une télévision qui banalise l’humiliation ?

Ce n’est pas un cas isolé. Depuis quelques années, la télévision française semble friande de ce genre de moments “vrais”, bruts, gênants. Des pleurs en plateau. Des clashs en direct. Des humiliations qui font le buzz. Et toujours la même logique : “C’est de l’émotion. Donc ça fait de l’audience.”

Mais à quel prix ?

Quand on laisse passer ce genre d’agression sans réagir, on banalise la cruauté. On envoie un signal clair : “Tu peux insulter, tu peux blesser. On t’écoutera quand même.”

Ce que cette scène révèle vraiment

Ce qui est choquant ici, ce n’est pas seulement l’insulte. C’est tout ce qu’elle contient :

  • Une attaque physique, gratuite, sur une différence visible.
  • Un regard déshumanisant, réduit à un défaut.
  • Une société qui peine encore à accepter l’altérité.

Et ce n’est pas rien. Car Céline Collonge porte un œil en verre. Ce n’est pas un secret. Elle en a parlé. Ce n’est pas une faiblesse. C’est une histoire. Un vécu. Un courage.

Et ce courage, elle le porte chaque jour, face caméra. Pour informer. Pour faire son métier.

La rédaction de M6 doit-elle s’excuser ?

La question mérite d’être posée. Montrer cette séquence était-il nécessaire ? Avait-on besoin d’exposer cette humiliation, au nom du “vrai” ? N’aurait-on pas pu faire preuve de retenue, de respect, d’éthique ?
Personnellement, la question ne mérite pas d’être posée de montrer ou non cette séquences, car l’émission en question était diffusée en direct, donc impossible de couper des séquences.

Pour l’instant, aucune réaction officielle de M6. Silence radio.

Mais les téléspectateurs, eux, n’ont pas attendu pour prendre position. Et ça, c’est rassurant. Car même dans le bruit, la dignité peut encore faire du bruit.

Ce qu’il faut retenir

L’insulte envers Céline Collonge n’est pas une simple “gaffe en direct”. C’est une alerte. Une piqûre de rappel. Oui, les journalistes sont des humains. Oui, le respect n’est pas une option. Oui, la télévision a une responsabilité.

Et non, tout ne mérite pas d’être montré.

Céline Collonge a gardé la tête haute. Mais la blessure, elle, était bien là. Et ce qu’on choisit de montrer dit aussi beaucoup de ce qu’on tolère.

💡 À retenir :
Respecter les journalistes, c’est aussi refuser de faire spectacle de leur souffrance. Cette séquence de M6 est un miroir tendu à notre époque : floue sur les limites, floue sur la décence. Et il est temps d’y remettre un peu de clarté.

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