TF1+, France.tv, M6+ et Netflix : qui domine vraiment le streaming en 2025 ?

Le paysage du streaming en 2025 est très concurrentiel. Les plateformes nationales (TF1+, France.tv, M6+) – qui proposent du streaming gratuit financé par la pub – se mesurent au géant global Netflix (abonnement payant). Chacune affiche des scores solides. TF1+ affiche un fort développement d’audience, France.tv s’appuie sur sa base massive de téléspectateurs publics, M6+ gagne du terrain, et Netflix maintient sa suprématie payante. Cet article compare leur situation actuelle (Q1-2025) en termes d’audience, d’usages, de revenus et d’impact sur l’écosystème audiovisuel français, pour voir qui s’en sort le mieux.

TF1+ : la plateforme tout-terrain du groupe TF1

TF1+ est le service OTT du groupe TF1, lancé en 2024. Il combine une offre gratuite (avec pub) et un abonnement sans pub. En 2025, ses performances sont déjà remarquables. Au premier trimestre 2025, TF1+ attirait 35 millions d’utilisateurs uniques en moyenne par mois (contre 33 millions en 2024). Cette base d’audience est énorme : au total ce trimestre, les utilisateurs ont passé 272 millions d’heures sur TF1+, soit 1,3 fois plus que sur la deuxième plateforme la plus regardée en France. La consommation sur TF1+ a ainsi bondi de +12% en un an.

Ce volume d’usage s’est accompagné d’une forte croissance des revenus publicitaires. Au T1 2025, les revenus issus de TF1+ ont augmenté de 37% sur un an. Pour la première fois, les recettes digitales (dont TF1+) ont représenté plus de 10% des revenus publicitaires totaux du groupe. Le groupe TF1 mise sur ce service pour compenser la baisse de la télévision linéaire. TF1+ veut devenir « l’alternative premium à YouTube » pour les annonceurs, avec des formats publicitaires data-driven et shoppable.

En termes d’offre, TF1+ mise sur des contenus forts du groupe TF1 (séries françaises à succès, divertissements, grands événements sportifs). L’objectif affiché est clairement d’en faire la première plateforme de streaming gratuite en France. Le succès est déjà sensible : fin 2024, la plateforme « supporte 30 millions de personnes, soit environ la moitié de la population française » d’après TF1. En résumé, TF1+ réalise un démarrage dynamique en 2025, porté par des audiences élevées et une monétisation en forte hausse.

France.tv : le poids lourd du streaming public

France.tv est la plateforme gratuite de France Télévisions, le service public. En 2024-2025, France.tv maintient sa position de leader du streaming gratuit. France Télévisions revendique une portée hors norme : « plus de 8 Français sur 10 regardent l’offre du service public sur tous les écrans chaque semaine ». En pratique, France.tv dépasse 35 millions de visiteurs uniques par mois en 2024. C’est un record historique. Les Français plébiscitent particulièrement les contenus d’information et de proximité de France Télévisions (JT, magazines, 24/7 sur franceinfo…). Par exemple, la plateforme franceinfo du groupe fédère plus de 4 millions de visites uniques par jour.

Les chaînes de France Télévisions restent extrêmement puissantes sur la TNT : 30% de part d’audience sur l’ensemble des individus en 2024, toutes tranches d’âge confondues. Et leur offre numérique amplifie ce leadership. Aux premiers mois de 2025, on observe même un regain de fréquentation sur les sites régionaux de France.tv : en janvier 2025 ils ont totalisé 95,5 millions de visites (+62% sur un an). Cela montre l’engagement du public français envers l’info locale.

Côté contenus, France.tv mise sur son fonds riche (replays des séries et journaux TV du groupe) ainsi que sur des créations originales (fictions, docs, émissions exclusives). La gratuité sans abonnement fait de France.tv la plateforme la plus accessible. Toutefois, France.tv n’est pas (encore) un service à 100% « streaming illimité » au sens Netflix : son usage reste souvent combiné à une pratique de rattrapage après diffusion télé. Néanmoins, avec ses 35M de VU/mois et ses fortes parts de marché, France.tv constitue le poids lourd du streaming gratuit français.

M6+ : l’outsider en plein essor

Lancée en mai 2024, M6+ est la nouvelle plateforme streaming de Groupe M6 (RTL Group). Elle remplace 6play et se positionne en vidéo à la demande financée par la pub (AVOD). Comme TF1+, M6+ est gratuite. Elle propose un catalogue très large : 30 000 heures de programmes offerts (dont 10 000 heures exclusives). Au lancement, M6+ promettait de doubler la consommation en ligne et de tripler les revenus liés au streaming d’ici 2028.

Les chiffres récents confirment une montée en puissance rapide. Au premier trimestre 2025, M6+ a enregistré 28,4 millions d’utilisateurs uniques (monoposte, sur TV, PC, smartphone, etc.). Cela représente une hausse de +31% par rapport à Q1 2024. Les heures vues ont bondi de +21% sur un an. Autrement dit, l’audience de M6+ s’élargit fortement. La plateforme devient peu à peu un acteur notable du streaming gratuit, exploitant le capital sympathie des marques du groupe (M6, W9, 6ter, etc.) et son offre diversifiée (séries, émissions, films, jeunesse).

Sur le plan financier, M6 souligne que les revenus issus du streaming (publicités sur M6+, 6play, etc.) représentent environ 9,9% de son chiffre d’affaires vidéo au T1 2025, contre 7,7% l’an passé. Les revenus publicitaires totaux du groupe progressent légèrement. Le streaming compense aussi en partie la baisse de la TV classique, comme chez TF1. En somme, M6+ est un outsider qui gagne du terrain : sa croissance d’audience est remarquable, porteur d’avenir pour le groupe. Néanmoins, il reste encore derrière France.tv et TF1+ en volume global.

Netflix : le géant du streaming payant

Netflix est toujours, en 2025, le mastodonte du streaming payant. Au niveau mondial, la plateforme revendique plus de 300 millions d’abonnés fin 2024. Elle continue à enregistrer une croissance solide : au premier trimestre 2025 Netflix a réalisé 10,54 milliards de dollars de chiffre d’affaires (plus 12,5% en un an), avec un bénéfice net record de 2,89 milliards de dollars. Netflix reste de loin la plateforme qui génère le plus de revenus mondiaux (bien plus qu’un YouTube ou Disney+).

En France, Netflix ne communique plus publiquement ses chiffres locaux, mais on sait qu’en 2022 elle dépassait déjà les 10 millions de foyers abonnés. Ce nombre ne cesse d’augmenter (malgré des ralentissements temporaires). Côté usage, une étude JustWatch (mai 2025) confirme que Netflix domine : il détient 27% des parts d’audience du streaming en France, loin devant Prime Video (25%) et Disney+ (chiffres Q1 2025). Cela signifie que plus d’un Français sur quatre qui regardent du streaming payant a regardé Netflix. Cette domination se reflète aussi dans son offre de contenus : la plateforme continue de produire des hits (séries, films) et investit massivement (environ 17 milliards de dollars de programmes en 2025).

Netflix continue par ailleurs d’élargir sa présence en France. En avril 2025, elle a encore relevé les prix des abonnements locaux (ex. Standard sans pub à 14,99 €), ce qui traduit la confiance en son contenu premium. Elle développe aussi une formule avec publicités, déjà forte de 94 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde. Côté production française, Netflix reste très investi : par exemple, en 2024 la plateforme a co-financé 27 films français – soit 81% de l’effort total des SVOD sur 45 films français financés cette année-là.

En résumé, Netflix combine une offre globale très riche et une base d’abonnés conséquente en France, faisant d’elle la référence du streaming payant en 2025. Son principal atout est l’ampleur de son catalogue et la fidélité de ses abonnés.

Comparaison des performances

On peut dégager plusieurs éléments de comparaison clairs entre ces quatre services :

  • Audience et usage. Netflix reste leader en termes de parts d’audience payantes (27% du streaming domestique). Mais en volume brut, les plateformes gratuites nationales attirent des foules comparables : France.tv fédère 35M VU/mois, TF1+ ~35M streamers/mois et M6+ ~28M uniques. Si on rapporte les audiences toutes catégories, TF1+ et France.tv rivalisent (TF1+ a les chaînes les plus regardées, France.tv a la plus grande base de visiteurs du numérique) ; M6+ est un peu en retrait mais progresse vite.
  • Abonnés et revenus. Netflix domine incontestablement pour les revenus abonnés : en Q1 2025 elle a fait 10,5 Md$ de CA. Les plateformes françaises gratuites ne comptent pas d’abonnés payants (les abonnements TF1+ n’étaient pas détaillés), leur croissance est mesurée en usage et en recettes pub. Cependant, leur monétisation progresse : TF1+ a boosté ses revenus de 37% sur le dernier an, M6+ voit ses revenus pub en ligne augmenter de 26% (portant la part du streaming dans le CA vidéo à 9,9%). France.tv, financée par la redevance et la pub, ne publie pas de CA séparé pour le numérique, mais son audience record se traduit indirectement par une valeur publicitaire (la part d’audience de France Télévisions a atteint 30% en 2024).
  • Offre de contenus. Netflix dispose d’un catalogue global énorme et des moyens de production très supérieurs (budget de plusieurs dizaines de milliards par an). Il multiplie également les contenus français à grand budget (séries, films). TF1+ et M6+ capitalisent avant tout sur les grandes marques nationales (The Voice, Koh-Lanta, Top Chef…) et jouent la carte du contenu familial gratuit et de l’innovation (format court, interactif). France.tv mise sur sa mission de service public (info continue, fictions françaises, sport et culture). En termes d’engagement, Netflix retient les utilisateurs longtemps sur ses plateformes (algorithmes de recommandation, nouveaux formats comme le jeu en streaming), tandis que les chaînes franco-font souvent de la diffusion puis du replay plus ponctuel.
  • Part de marché et positionnement. Dans la catégorie globale streaming, Netflix écrase la concurrence étrangère et celle des chaînes traditionnelles en France. Mais si l’on sépare SVOD (payant) et AVOD (gratuit), les tendances diffèrent : Netflix est le leader naturel du SVOD, tandis que France.tv et TF1+ se disputent la tête du segment AVOD français. M6+ est encore derrière, mais rattrape petit à petit. Globalement, aucun acteur ne détient la majorité absolue : c’est un « marché de l’attention » partagé. Les études d’audience montrent que la concurrence est vive: selon Médiamétrie et JustWatch, Netflix reste premier (en streaming payant), mais TF1+ s’accroche en luttant pour capter les heures de visionnage gratuites.

Au final, qui s’en sort le mieux ? À court terme, Netflix conserve l’avantage financier et en contenu. Mais TF1+ et France.tv enregistrent des croissances d’audience qui nuancent le tableau. M6+ a encore du chemin pour rivaliser, mais ses premières statistiques sont positives. La vraie « guerre » est désormais plurielle : Netflix domine en valeur (revenus, production), France.tv règne sur le public français par son ancrage, et TF1+ grimpe pour devenir incontournable en gratuit. La compétition profite aux consommateurs, avec un choix plus vaste, mais elle crée une tension sur le marché publicitaire et la chronologie des médias (les plateformes SVOD négocient de plus en plus des droits qu’on pensait réservés à la télévision traditionnelle).

Impacts sur les usages et la production française

Cette intensification du streaming modifie les usages : de plus en plus de Français (en particulier les jeunes) consomment séries et films en streaming, soit sur Netflix, soit gratuitement sur les plateformes de leur chaîne TV préférée. La segmentation gratuit vs payant influe sur l’éclatement des audiences : certains publics (futurs parents, seniors) restent fidèles aux replays gratuits de TF1 et France.tv, tandis que les fans de séries et de sport premium migrent vers Netflix.

Sur la production locale, le succès des plateformes génère des effets positifs. Les plateformes SVOD investissent massivement dans le cinéma et les séries françaises. Netflix, par exemple, a contribué à 81% du financement des films français co-produits par des plateformes en 2024. Il a également injecté 200 M€ dans la création française en 2022 (notamment des séries à gros budget). Les groupes TF1 et M6 renouvellent eux aussi leurs fictions nationales pour nourrir TF1+ et M6+, créant de la demande pour les talents locaux.

Cette avalanche de contenus a bouleversé l’environnement médiatique français. Les chaînes historiques revoient leur modèle (ralentissement des sorties en salles imposé par la chronologie des médias, investissements plus rapides). Le gouvernement a d’ailleurs assoupli en 2024 les règles de diffusion des films sur Netflix pour encourager les créations. Les plateformes gratuites ont quant à elles stimulé l’usage d’Internet et le visionnage à la demande des JT, magazines, divertissements – soutenant indirectement la cohésion nationale. En revanche, la pub en télévision linéaire subit la pression de la bascule vers l’AVOD : comme le montre la stagnation des recettes pub globale de TF1 (Q1 2025) malgré la croissance du streaming, une part des annonceurs part vers le digital.

Conclusion

En 2025, le streaming en France n’a pas un seul vainqueur : Netflix, grâce à son offre premium et sa puissance mondiale, reste le leader du payant (près d’un abonné sur quatre en France est sur Netflix). Mais sur le front du gratuit, France.tv et TF1+ rivalisent pour capter l’audience massive des Français (la plateforme publique bat des records d’audience, TF1+ engrange des dizaines de millions de vues chaque mois). M6+ progresse rapidement, mais part d’une base plus modeste. Au final, le gagnant du « streaming 2025 » dépend de l’angle : Netflix domine financièrement, France.tv règne en volume brut, et TF1+ est le gagnant de la croissance. La concurrence profite aux téléspectateurs (plus de choix, formats innovants), mais entraîne aussi des défis pour la publicité et la production locales (quotas, chronologie). Les audiences plateformes restent scrutées : la bataille continue pour savoir qui s’imposera demain, mais pour l’instant c’est un bras de fer à plusieurs facettes, où chaque service a ses forces et faiblesses.

Sources : Données trimestrielles et études publiées (TF1, M6, France Télévisions, Netflix, Médiamétrie, JustWatch, presse spécialisée)

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