M6 n’a pas lancé un simple divertissement.
Avec Pandore, la chaîne a clairement décidé de sortir de sa zone de confort. Et surtout, de bousculer les codes du jeu télévisé français.
Dès les premières minutes, le constat est clair. Pandore n’est ni un Fort Boyard classique, ni une télé-réalité comme les autres, ni un simple jeu de stratégie. C’est un mélange assumé, presque provocateur, entre aventure, tension psychologique et méfiance permanente. Un programme qui ne cherche pas à rassurer, mais à mettre mal à l’aise.
Et c’est précisément pour ça que Pandore intrigue autant.
Pour moi, j’ai de suite vu que ce serait un mélange, avec en premier « Les Traitres » de la même chaîne surtout au niveau de la désignation des sacrifié et non sacrifié (tout comme la désignations des traitres). Les épreuves physiques, comme à Fort Boyard. Et surtout un clin d’œil à cette même émission pour le défi entre Bruno et Brigitte avec l’épreuves des pierres à empiler.
Un concept qui ne joue pas la sécurité
Ils sont douze. Pas cinquante, pas vingt, pas une foule anonyme. Douze candidats, enfermés dans un univers inspiré de la mythologie grecque, confrontés à des épreuves physiques et mentales, mais surtout à une mécanique centrale qui change tout. La fameuse Boîte de Pandore.
Cette boîte, personne ne peut l’ignorer. Elle est là, au cœur du jeu, comme une tentation permanente. L’ouvrir peut apporter un avantage immédiat. Un pouvoir. Une protection. Une information. Mais à chaque ouverture, le prix à payer est réel, immédiat, collectif. La cagnotte baisse. Les conséquences tombent. Et quelqu’un est sacrifié.
À partir de là, Pandore cesse d’être un simple jeu d’épreuves. Il devient un jeu de responsabilité. Chaque décision individuelle pèse sur le groupe. Chaque choix crée de la rancœur, du doute, parfois de la colère. Et surtout, une question obsédante : qui a osé ouvrir la boîte ?
L’ombre de Fort Boyard, mais en beaucoup plus sombre
Impossible de regarder Pandore sans penser à Fort Boyard. L’univers est travaillé, scénarisé, symbolique. Les épreuves ne sont pas là par hasard. Elles racontent quelque chose. Elles s’inscrivent dans une mythologie. Elles ont un sens.
Mais là où Fort Boyard reste un jeu familial, presque bienveillant, Pandore choisit une autre voie. Ici, l’épreuve n’est pas seulement physique ou intellectuelle. Elle est morale. Elle met les candidats face à leurs limites, à leur égoïsme, à leur capacité à assumer leurs actes.
Dans Fort Boyard, on se bat contre le fort. Dans Pandore, on se bat contre les autres. Et souvent, contre soi-même.
La pression permanente des Cinquante, version resserrée
Autre comparaison évidente : Les Cinquante sur W9. Même sensation de danger constant. Même impression que personne n’est jamais en sécurité. Même logique d’éliminations qui tombent sans prévenir.
La différence est majeure. Les Cinquante joue sur le nombre, le chaos, la masse. Pandore, lui, joue sur la proximité. Ils sont peu. Ils se croisent tout le temps. Ils se regardent. Ils s’analysent. Chaque réaction est scrutée. Chaque silence est interprété.
Dans ce contexte, la moindre décision prend une ampleur démesurée. Ouvrir la boîte n’est plus un simple choix stratégique. C’est un acte social. Un acte politique presque. Car il faudra ensuite vivre avec le regard des autres.
The Power : l’enquête sociale qui change tout
C’est sans doute là que Pandore devient vraiment passionnant. Le jeu ne se contente pas de désigner des victimes. Il crée des sacrifiés parfois invisibles, parfois inconnus, parfois ignorés. Et il laisse les candidats dans le flou.
Qui a ouvert la boîte ?
Pourquoi maintenant ?
Qui est réellement impacté ?
Ces questions deviennent centrales. Les joueurs observent, soupçonnent, interprètent. Un comportement étrange. Une nervosité inhabituelle. Une défense trop appuyée. Tout devient indice.
Exactement comme dans The Power, le jeu se déplace du terrain des épreuves vers celui de la lecture humaine. Il ne s’agit plus seulement de gagner. Il s’agit de comprendre. De manipuler parfois. De mentir souvent. Et surtout, de ne pas se trahir soi-même.
Un jeu de stratégie, mais surtout de responsabilité
Ce qui frappe dans Pandore, c’est la manière dont le jeu force les candidats à assumer leurs choix. Ici, il n’y a pas de bouton magique. Pas de pouvoir sans contrepartie. Chaque avantage personnel affaiblit le collectif. Chaque décision crée une fracture.
C’est injuste. Volontairement. Et c’est précisément ce qui rend le concept si fort. Le jeu ne récompense pas toujours les plus méritants. Il récompense ceux qui acceptent de vivre avec les conséquences de leurs actes.
Dans Pandore, on ne peut pas se cacher longtemps. Les choix finissent toujours par remonter à la surface.
Une tension qui ne retombe jamais
Le rythme est l’un des grands atouts du programme. Peu de temps morts. Peu de séquences inutiles. Chaque scène sert la mécanique globale. Chaque échange a un impact potentiel.
On est loin des quotidiennes étirées. Pandore se regarde comme un thriller. Avec ses silences. Ses regards. Ses retournements. Son malaise parfois.
Ce n’est pas un jeu confortable. Et c’est assumé.
Une pression identique à celle que je ressens au moment où j’écris cet avis : dès le lendemain de sa diffusion, je me surprends déjà à lancer la seconde partie.
Un public intrigué, mais exigeant
Sur les réseaux sociaux, Pandore ne laisse personne indifférent. Certains saluent enfin un jeu qui ose sortir des sentiers battus. D’autres craignent une complexité excessive. Une mécanique trop opaque pour le grand public.
Le danger est réel. Ce type de format exige une narration limpide. Si le spectateur perd le fil, il décroche. Mais si M6 réussit à maintenir cette clarté, alors Pandore peut devenir une référence.
Pourquoi Pandore peut marquer un tournant
Depuis plusieurs années, M6 cherche à renouveler son offre de jeux. Les Traîtres ont ouvert une brèche. The Power a confirmé l’appétence du public pour les jeux sociaux et stratégiques. Pandore va encore plus loin.
C’est un jeu plus dur. Plus sombre. Plus exigeant. Mais aussi plus adulte. Il ne cherche pas à faire plaisir à tout le monde. Il cherche à captiver.
Et dans un paysage télévisuel souvent formaté, cette prise de risque mérite d’être soulignée.
Pandore n’est pas un jeu comme les autres. C’est un pari éditorial. Un mélange audacieux entre Fort Boyard, Les Cinquante et The Power, avec une vraie réflexion sur la responsabilité, la tentation et la nature humaine.
Sur le papier, le concept est puissant. Presque trop. Tout dépendra désormais de l’exécution. Du montage. Du rythme. De la capacité de M6 à faire confiance à l’intelligence du spectateur.
Si la chaîne tient le cap, Pandore pourrait bien s’imposer comme l’un des jeux les plus marquants de ces dernières années.
Sinon, il restera comme une excellente idée… mal exploitée.
La boîte est ouverte.
Et cette fois, impossible de faire marche arrière.
Share this content:

