Depuis quelques mois, Netflix ressemble de plus en plus… à TF1. Un virage surprenant, presque gênant. L’esprit d’audace qui faisait la force de la plateforme disparaît, remplacé par une logique d’audience de prime time télé. Résultat : des séries calibrées, sans risques, sans relief.

Des séries de plus en plus… TF1

Prenez Furies, Anthracite, ou Les Gouttes de Dieu : casting soigné, belles images, mais vide abyssal. On est loin des séries coup-de-poing comme Dark, House of Cards ou Stranger Things. À la place, on enchaîne des intrigues molles, des personnages stéréotypés et des twists prévisibles. On croirait voir une fiction du lundi soir sur une chaîne hertzienne.

Et ce n’est pas un hasard.

Netflix France s’est restructurée. Exit les projets trop risqués, bonjour les “formats efficaces”. En clair : des mini-séries françaises, avec 6 ou 8 épisodes, des drames familiaux ou policiers, et un ton consensuel. Le tout pour plaire à un public large, pas trop exigeant.

Une stratégie assumée

En interne, le discours est clair : « Nous voulons séduire les amateurs de télé traditionnelle ». Netflix veut récupérer les téléspectateurs perdus par TF1, France 2 et M6. Ceux qui zappent entre Joséphine ange gardien et Capitaine Marleau mais qui finissent par s’abonner à Netflix pour “changer un peu”.

Mais en copiant TF1, Netflix perd son ADN. Pire : elle devient la chaîne qu’elle était censée ringardiser.

Et les chiffres le montrent : les productions locales sont en hausse. En 2023, Netflix France a produit plus de 15 fictions originales tricolores. Mais côté contenu, c’est plat. Une série comme Furies, pourtant attendue, enchaîne clichés, dialogues fades et réalisme bancal. On est à des années-lumière d’une création forte ou d’une narration innovante.

L’effet “prime time”

Ce glissement vers des productions typées TF1 n’est pas anodin. Il correspond à une logique de programmation “prime time” : intrigues bouclées, cliffhangers prévisibles, épisodes calibrés pour 50 minutes. On ne regarde plus Netflix, on le subit.

Même la réalisation s’adapte. Fini les audaces visuelles. Les plans sont propres, fades, sans identité. Tout est tourné comme une fiction du samedi soir. Et la musique ? Une bande-son générique, oubliable, qui accompagne mollement chaque scène.

La critique monte

Sur X (Twitter), les réactions fusent :

“On dirait un téléfilm de TF1, pas une série Netflix.”
“Pourquoi payer 15€/mois pour voir ce que je fuyais à la télé ?”
“Plus aucun risque chez Netflix, tout est prévisible.”

Certains abonnés commencent même à se désabonner. Le prix grimpe, la qualité baisse. Et surtout, l’effet “waouh” disparaît. Celui qu’on ressentait devant les premiers épisodes de Narcos, ou The OA, ou Mindhunter. Ces séries qui détonnaient. Qui faisaient parler.

Aujourd’hui ? On enchaîne des séries “sympas”, mais qu’on oublie aussi vite.

Une ligne éditoriale verrouillée

Ce changement vient aussi d’une réalité économique : Netflix n’est plus en conquête, elle est en rentabilité. La firme doit produire “plus vite, moins cher, pour plus de monde”. Et tant pis pour la créativité.

Le résultat, c’est une plateforme qui privilégie la quantité à la qualité. Chaque mois, une nouvelle série, souvent interchangeable avec la précédente. Et toujours ce format court, fermé, “à la française”.

TF1 a gagné. Sans rien faire.

Netflix TF1isé : le paradoxe

Le plus ironique, c’est que TF1, elle, commence à chercher un peu de fraîcheur. Des formats plus modernes, plus interactifs, des fictions un peu plus osées. Pendant que Netflix, elle, se replie sur des recettes d’avant-hier.

C’est comme si les rôles s’étaient inversés. Netflix se TF1ise, TF1 tente de se “platformiser”. Et l’utilisateur, lui, ne sait plus qui innove et qui copie.

Vers un retour de flamme ?

Face aux critiques, Netflix pourrait rebondir. Des projets plus tranchés sont en développement, notamment du côté international. Mais pour l’instant, le pôle France reste frileux. Tant que les séries “à la TF1” fonctionnent (en apparence), la stratégie sera maintenue.

Et c’est là tout le paradoxe : les gens regardent, mais ne vibrent plus.

À retenir

Netflix voulait révolutionner la télé. Elle finit par la copier. En cherchant à séduire les anciens téléspectateurs de TF1, elle perd les amateurs de vraie série. Ceux qui attendent de l’audace, de la profondeur, un point de vue.

Scénarios plats, mise en scène télé, plus rien d’audacieux : Netflix est en train de s’éteindre dans le bruit sourd de ses propres compromis.

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