Un même programme, deux vies. Et parfois, deux audiences aux antipodes. Les chiffres du replay révèlent des écarts saisissants avec les diffusions en direct, forçant les chaînes à revoir leur stratégie.
Les habitudes changent, et les audiences aussi. Depuis quelques mois, les données Médiamétrie montrent des écarts de plus en plus marqués entre les téléspectateurs qui regardent un programme en direct et ceux qui le rattrapent en replay. Dans certains cas, la seconde vie d’une émission dépasse même sa première diffusion.

C’est notamment le cas des fictions françaises et des émissions de divertissement. Un exemple ? Le feuilleton « Un si grand soleil » sur France 2 : il attire en moyenne 2,5 millions de téléspectateurs en direct, mais grimpe jusqu’à 4 millions en incluant le replay. Même phénomène pour « Koh-Lanta » ou « Mariés au premier regard », qui peuvent gagner jusqu’à 30 % d’audience supplémentaire grâce au visionnage en différé.
Des écarts qui font grincer des dents… ou sourire les chaînes
Le replay n’est plus un bonus. Il est devenu une arme stratégique pour rattraper, voire dépasser, les scores décevants du direct. Les plateformes comme TF1+, M6+ ou France.tv enregistrent chaque semaine des millions de vues. Et ça peut tout changer.
TF1 l’a bien compris : une émission comme « Danse avec les stars » fait parfois un score jugé faible en direct, mais remonte largement dans les classements une fois les données consolidées. Exemple récent : 3,8 millions en direct, 5,1 millions avec le replay.
Qui gagne, qui perd ?
Ce sont surtout les jeunes qui désertent le direct. Selon Médiamétrie, plus de 60 % des 15-34 ans privilégient le replay. Un chiffre qui explique pourquoi certaines émissions à destination des jeunes peinent à briller en direct… mais cartonnent ensuite.
En revanche, les grands événements – comme le sport, les débats politiques ou les grandes finales – restent massivement suivis en live. Le direct garde donc ses bastions, mais pour combien de temps ?
Une mesure d’audience à double tranchant
Les chaînes doivent désormais composer avec une audience à deux vitesses. Et ce n’est pas sans conséquence. Car si le replay fait du bien à l’image, il ne rapporte pas toujours autant en publicité que le direct, surtout pour les grandes marques.
Les producteurs, eux aussi, y voient une arme à double tranchant. Un bon replay peut sauver une émission. Mais il peut aussi fausser la lecture des résultats, retarder des décisions ou masquer des échecs.
Et demain ?
Avec la montée en puissance des plateformes comme Netflix ou Amazon Prime, les téléspectateurs prennent l’habitude de consommer ce qu’ils veulent, quand ils veulent. Et les chaînes traditionnelles tentent de s’adapter. Certaines, comme France Télévisions, testent même des diffusions anticipées en ligne avant le passage TV. Une manière d’inverser les rôles entre le direct et le replay.
Conclusion :
Le direct n’est plus roi. Le replay grignote du terrain, parfois jusqu’à changer totalement la hiérarchie des audiences. Les écarts se creusent, les stratégies évoluent, et les téléspectateurs ont définitivement pris le pouvoir.
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