Ils changent les candidats, les décors, les thèmes. Mais le goût reste le même. Les émissions de cuisine à la télé tournent en rond. Top Chef, Le Meilleur Pâtissier, MasterChef, Tous en Cuisine… une avalanche de plats réchauffés qui lasse plus qu’elle ne régale.
Un menu qui ne change plus
En 2024, Top Chef a encore battu des records d’audience, frôlant les 3 millions de téléspectateurs chaque semaine. Pourtant, un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes. Même constat pour Le Meilleur Pâtissier, dont la dernière saison a perdu près de 400 000 fidèles par rapport à l’édition 2022.
Et pourtant, les chaînes persistent. M6, TF1, France 2… toutes continuent à proposer des concours culinaires comme si c’était une formule magique inépuisable.
Mais à l’écran, tout se ressemble. Un jury sévère, un casting calibré, une épreuve technique, une épreuve créative, un chrono. Les recettes s’empilent, les commentaires dithyrambiques aussi. « C’est une explosion de saveurs », « C’est parfaitement équilibré »… Jusqu’à l’écœurement.
Trop, c’est trop
Le pic de saturation semble atteint. En mars 2025, la nouvelle saison de Objectif Top Chef a démarré avec 15 % de part d’audience, soit son plus bas score historique. Sur les réseaux, les commentaires fusent :
« C’est toujours pareil, on a déjà vu ces plats 100 fois. »
« Même les candidats ont l’air de réciter un rôle. »
« C’est devenu un télé-catalogue pour les restaurants de demain. »
Sur TikTok et Instagram, les extraits d’émissions cartonnent encore, mais pas pour les bonnes raisons. Les internautes parodient les discours des chefs, les mises en scène théâtrales, les moments de fausse tension montés à la truelle.
Des émissions devenues produits
Ce n’est plus de la télévision, c’est du formatage. Tout est calculé : les caméras qui zooment sur une larme, les musiques dramatiques pour une cuisson ratée, le storytelling de candidats qui « veulent rendre hommage à leur grand-mère ». Même les plats deviennent des supports de mise en scène.
Les émissions culinaires ne parlent plus de cuisine. Elles racontent des personnages. Et souvent les mêmes : la petite provinciale qui monte à Paris, le papa en reconversion, le prodige autodidacte.
La spontanéité a disparu. Les émissions de cuisine sont devenues des feuilletons scénarisés. Même les échecs semblent écrits à l’avance.
Une machine à contenus
Ce recyclage télévisuel ne s’arrête pas aux écrans. Chaque émission donne naissance à une flopée de vidéos YouTube, de livres de recettes, de stories Instagram, de recettes sponsorisées. L’émission est devenue un prétexte à produire du contenu dérivé, à vendre des produits, à sponsoriser des marques.
Les émissions de cuisine ne sont plus des programmes, ce sont des plateformes.
Et ça marche. Chaque saison alimente les revenus annexes : ateliers, produits dérivés, partenariats. Mais à force de vouloir transformer la télé en business, on a perdu le plaisir simple de regarder des gens cuisiner.
Pourquoi c’est marquant
Parce que la cuisine à la télé avait un pouvoir unique : celui de rassembler. Un plat qu’on regarde, un plat qu’on tente, un plat qu’on partage. Aujourd’hui, cette magie s’efface. On ne regarde plus pour apprendre ou saliver. On regarde pour voir qui va craquer, qui va pleurer, qui va buzzer.
La cuisine est devenue un prétexte à l’émotion télécommandée. Et ça finit par se sentir. Même les chefs stars commencent à saturer. Philippe Etchebest, omniprésent sur M6, est parfois tourné en ridicule pour sa surmédiatisation.
Et maintenant ?
Il serait peut-être temps de faire une vraie pause. De revenir à des formats plus simples, plus courts, plus vrais. De redonner la parole à ceux qui cuisinent au quotidien, loin des projecteurs et des assiettes dressées au millimètre.
Parce que l’excès de saveurs finit toujours par anesthésier le palais.
À retenir
Les émissions de cuisine ont trop mijoté. Elles tournent en boucle, servent toujours les mêmes plats et perdent en authenticité. Le public s’en rend compte. Et le désamour grandit.
Il est temps de réinventer la recette. Avant que tout le monde passe à autre chose.
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