D8, C8, CStar, CNews : même propriétaire, même recette ?

D8, C8, CStar, CNews : même propriétaire, même recette ?

Dès qu’une chaîne change de nom ou de ligne éditoriale, un nom revient toujours : Bolloré.
Depuis qu’il a mis la main sur D8 (ex-Direct 8) en 2012, l’homme d’affaires breton a tout uniformisé. C8, CStar, CNews : derrière ces marques différentes, une seule logique. Et ça se voit.

Une mainmise méthodique sur la TNT

D8 devient C8. Direct Star devient CStar. i>Télé devient CNews.
À chaque fois, le même procédé : rachat, rebranding, virage éditorial. Derrière, le groupe Canal+ (détenu par Vivendi, dirigé par Bolloré). L’objectif ? Créer un écosystème cohérent, rentable, fidèle à une ligne idéologique assumée.

Et ça ne traîne pas :

  • 2012 : Bolloré vend ses deux chaînes gratuites (D8, D17) à Canal+.
  • 2015 : i>Télé devient une chaîne de commentaires : CNews.
  • 2016 : D8 est rebaptisée C8, D17 devient CStar.

En quelques années, l’univers Bolloré s’impose sur la TNT comme un bloc, presque un réseau parallèle à France Télévisions ou au groupe TF1.

Une recette en boucle : éditorialisation + personnalités maison

Que retrouve-t-on sur C8, CNews, CStar ?
Des figures bien connues… et souvent recyclées.

  • Cyril Hanouna, omniprésent, produit TPMP sur C8… mais intervient aussi sur d’autres chaînes du groupe.
  • Pascal Praud, passé de RTL à CNews, anime “L’Heure des Pros”, format star qui aligne les polémiques matinales.
  • Jean-Marc Morandini, exilé de la télé traditionnelle, trouve refuge sur CNews et C8.
  • Et Éric Zemmour, longtemps chroniqueur phare de CNews, a explosé politiquement en y forgeant son socle électoral.

Même logique côté contenus : débats en plateau, éditos musclés, clashs assumés. Et une obsession : capter l’audience via le buzz, l’indignation ou l’adhésion politique.

Bolloré ne vend plus seulement du divertissement. Il vend une vision.

Des chiffres qui donnent raison à la méthode ?

  • CNews est passée devant BFMTV en avril 2024 sur certaines tranches horaires (notamment 9h-10h avec Praud).
  • C8 reste l’une des chaînes les plus puissantes de la TNT grâce à TPMP, même si les audiences s’érodent.
  • CStar, plus discrète, joue la carte musicale et rediff’ facile, à bas coût.

La synergie paye. Même les pubs sont parfois partagées, avec des campagnes croisées. Les coûts sont mutualisés, la programmation pensée en réseau.

Mais cette stratégie a aussi ses revers.

Polémiques, procès et dérapages

Derrière le rideau du succès, la machine Bolloré collectionne les casseroles :

  • Sanctions du CSA (devenu Arcom) pour des propos jugés haineux ou discriminants sur CNews.
  • TPMP dans la tourmente avec des amendes records (plus de 7 millions d’euros cumulés depuis 2022).
  • Licenciements massifs à i>Télé, lors de la transformation en CNews, avec une grève historique en 2016.
  • Et des critiques permanentes sur le manque de pluralisme ou la porosité entre info et opinion.

Les lignes éditoriales se resserrent. L’espace de parole aussi.

Sur les réseaux, le public se divise

Sur X (Twitter), les débats sont tranchés :
👉 Les fans de Hanouna ou Praud louent leur “franchise” et dénoncent la “pensée unique” des médias classiques.
👉 D’autres parlent de “machine de propagande”, de “fachosphère TNT”, ou d’un “bouclier médiatique pour l’extrême droite”.

Un mot revient souvent : “copier-coller”.
Tout le monde a remarqué que le ton, les visages, les sujets… se répètent. Changer de chaîne ne change plus vraiment l’expérience.

Un laboratoire d’influence ?

Ce qui intrigue, ce n’est pas seulement le style. C’est le timing.
La montée de Zemmour, la banalisation des débats sur l’immigration ou l’insécurité, la politisation de la météo, des faits divers… Tout semble orchestré.

Et quand Bolloré lorgne sur le Journal du Dimanche ou Europe 1, on comprend que son ambition dépasse le simple divertissement.

Il veut façonner l’opinion. En profondeur. Sur toutes les plateformes.

À retenir

  • D8, C8, CStar, CNews : des chaînes différentes… mais une seule logique, celle de Bolloré.
  • L’éditorialisation est assumée. Le buzz est recherché. L’uniformité est visible.
  • Les audiences suivent parfois, mais la controverse est permanente.
  • Sur la TNT, Bolloré a réussi ce que peu de groupes ont fait : créer un réseau cohérent, militant, omniprésent.

Mais à force de tout homogénéiser, la question demeure : jusqu’où le public suivra-t-il ?

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