Audiences : TF1 s’écroule chaque week-end, personne n’en parle

TF1, la chaîne historique, vacille. Chaque week-end, ses audiences plongent. Les chiffres sont alarmants : des parts d’audience qui flirtent parfois avec des niveaux historiquement bas. Pourtant, silence radio. Les médias n’en parlent pas, ou si peu. Pourquoi ce désintérêt ? Et surtout, que se passe-t-il sur la Une quand le week-end arrive ? Plongée dans une crise discrète mais bien réelle.

Les faits et chiffres

Les week-ends de TF1 sont un cauchemar pour ses dirigeants. Selon les données de Médiamétrie, la chaîne, leader incontestée en semaine avec une part d’audience moyenne de 18,7 % en 2024, voit ses chiffres s’effondrer les samedis et dimanches. Prenons avril 2025 : TF1 affiche 18,4 % de part d’audience en moyenne, mais les week-ends, ce chiffre peut descendre sous la barre des 15 % sur certaines tranches horaires. Un exemple frappant ? Le samedi 12 avril 2025, l’émission Danse avec les Stars n’a réuni que 3,8 millions de téléspectateurs, soit 16,2 % de part d’audience, loin derrière France 2 et ses 4,5 millions pour une rediffusion de Capitaine Marleau.

Le constat est similaire pour le dimanche. Les audiences du 20h de TF1, un rendez-vous pourtant sacré, peinent à dépasser les 4 millions de téléspectateurs le week-end, contre 5,2 millions en moyenne en semaine. Les émissions phares comme Les Enfoirés ou Miss France tirent leur épingle du jeu, mais les cases horaires moins événementielles s’effondrent. Par exemple, les rediffusions de séries françaises ou les téléfilms du dimanche après-midi attirent à peine 2 millions de curieux, avec des parts d’audience flirtant avec les 10 %.

Rewind sur 2024 : TF1 avait déjà montré des signes de faiblesse. Malgré un leadership annuel à 18,7 % de part d’audience, la chaîne a cédé du terrain face à France 2, boostée par les JO de Paris. Les week-ends, déjà fragiles, ont vu TF1 perdre jusqu’à 2,2 points de part d’audience en août 2024. Ce n’est pas nouveau : depuis une vingtaine d’années, TF1 subit une érosion continue, passant de 31 % de part d’audience en 2005 à 18,6 % en 2023. Mais les week-ends amplifient cette chute, et 2025 ne fait qu’aggraver le tableau.

Le streaming n’est pas la solution miracle. TF1+ a beau revendiquer 15,000 heures de programmes et 27,7 millions de streamers mensuels en 2023, les audiences digitales ne compensent pas les pertes du linéaire. Les jeunes, notamment les 15-34 ans, désertent les programmes traditionnels pour Netflix ou YouTube. Résultat : TF1 perd du terrain sur ses cibles commerciales clés, avec une part d’audience de 33 % chez les 15-34 ans en 2024, contre 34 % pour les femmes de moins de 50 ans.

Pourquoi les week-ends ? La programmation semble être le talon d’Achille. Les samedis et dimanches, TF1 mise souvent sur des rediffusions ou des formats moins percutants. Prenez C’est Canteloup ou Les 12 coups de midi : des valeurs sûres en semaine, mais leur absence ou leur remplacement par des programmes moins fédérateurs le week-end crée un vide. Les événements sportifs, comme l’UEFA Euro 2024, tirent parfois les chiffres vers le haut (16,1 millions pour Espagne-France), mais ils sont trop rares pour inverser la tendance.

Réactions et conséquences

Sur les réseaux sociaux, les téléspectateurs ne mâchent pas leurs mots. Sur X, les posts s’enchaînent : « TF1 le week-end, c’est rediffusion sur rediffusion, où est l’innovation ? », lance un internaute. Un autre ironise : « France 2 me vole mes dimanches, TF1 n’a rien à proposer. » Ces réactions traduisent un ras-le-bol. Les fidèles de la Une se sentent délaissés, et les chiffres le confirment.

Cette chute des audiences TV le week-end a des répercussions concrètes. Les annonceurs, qui ciblent les 25-49 ans et les femmes de moins de 50 ans, commencent à regarder ailleurs. En 2023, la régie publicitaire de TF1 a vu son chiffre d’affaires média baisser de 6,5 % à 904,4 millions d’euros, malgré la croissance de TF1+. Si les week-ends continuent de s’effondrer, les revenus publicitaires pourraient encore fondre.

Les concurrents, eux, ne dorment pas. France 2, portée par des programmes événementiels comme les JO ou des fictions solides (Astrid et Raphaëlle), grignote du terrain. En août 2024, France 2 a même dépassé TF1 au classement mensuel, une première depuis la privatisation de la Une en 1987. M6, bien que en difficulté avec 8,1 % de part d’audience en 2023, progresse sur certains créneaux week-end grâce à des formats comme Zone Interdite. Même CNews, avec 3,4 % de part d’audience en mai 2025, s’impose comme un acteur redoutable sur l’info.

Les conséquences vont au-delà des chiffres. TF1, c’est une institution. La chaîne qui a fait vibrer des générations avec Koh-Lanta, The Voice ou HPI (9,7 millions pour la saison 4) perd de son aura. Les téléspectateurs se tournent vers des plateformes qui proposent du contenu frais et à la demande. Netflix, par exemple, a capté 40 % des 15-24 ans en France en 2024, selon une étude interne. TF1+ tente de riposter, mais le streaming ne remplace pas l’émotion collective du direct.

Et puis, il y a la question du silence médiatique. Pourquoi personne n’en parle ? Les médias, souvent focalisés sur les succès événementiels de TF1 (Les Enfoirés à 9,4 millions), passent sous silence ces week-ends moroses. Est-ce une volonté de protéger une chaîne emblématique ? Ou simplement un manque d’intérêt pour une tendance jugée secondaire ? Sur X, certains soupçonnent un « oubli volontaire » pour ne pas froisser le géant audiovisuel.

Pourquoi ça coince ?

La programmation est au cœur du problème. TF1 excelle en semaine avec des rendez-vous forts : le 20h, HPI, ou The Voice. Mais le week-end, la chaîne semble baisser les bras. Les rediffusions de téléfilms ou de séries comme Joséphine, ange gardien ne font plus recette. Les téléspectateurs veulent de l’événementiel, du neuf, du fédérateur. France 2 l’a compris, avec des soirées spéciales ou des fictions inédites qui captent l’attention.

Le public a changé, aussi. Les 15-34 ans, cible prisée des annonceurs, consomment la télévision autrement. Ils regardent Koh-Lanta en replay sur TF1+ ou bingent des séries sur Netflix. Les familles, qui pourraient être un rempart, sont divisées entre les chaînes concurrentes et les plateformes. Résultat : TF1 perd son rôle de « chaîne qui rassemble ».

Rodolphe Belmer, PDG de TF1, est sous pression. Arrivé en 2023, il a promis de stopper l’hémorragie des audiences. Des paris comme Plus belle la vie (3 millions de téléspectateurs) ou Bonjour ! (9 % de part d’audience) ont donné des résultats mitigés. Les week-ends, en particulier, restent un casse-tête. Belmer mise sur la « gamification » avec des formats comme Master of the Game pour séduire un public plus jeune. Mais pour l’instant, ces nouveautés ne suffisent pas à inverser la courbe.

Et maintenant ?

TF1 doit se réinventer. Les week-ends ne peuvent plus être le parent pauvre de la grille. Des solutions existent : investir dans des programmes événementiels, comme des concerts ou des compétitions sportives, pourrait ramener les foules. Les séries inédites, à l’image de HPI, ont prouvé leur efficacité. Pourquoi ne pas programmer des lancements majeurs le samedi soir ?

Le streaming est une autre piste. TF1+ doit devenir plus qu’un complément. Avec 1,05 milliard d’heures visionnées en 2023, la plateforme a du potentiel. Mais elle doit proposer des exclusivités capables de rivaliser avec les géants du streaming. Des séries originales, des documentaires percutants ou des formats interactifs pourraient faire la différence.

Enfin, TF1 doit reconquérir les jeunes. Les 15-34 ans, qui représentent 33 % de son audience, sont volatils. Des partenariats avec des influenceurs ou des formats adaptés aux réseaux sociaux (comme des mini-épisodes sur TikTok) pourraient les ramener.

Les week-ends de TF1 sont en crise. Les audiences TV s’effondrent, et la programmation manque de punch. France 2, M6, et même les plateformes de streaming gagnent du terrain. Pourtant, ce naufrage reste dans l’ombre. Rodolphe Belmer a du pain sur la planche pour redresser la barre. La Une doit innover, surprendre, fédérer. Sinon, elle risque de perdre son statut de leader. Les téléspectateurs, eux, attendent un sursaut. Vite.

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